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Syllabs : une approche disruptive associant IA et expertise humaine

Interview de Claude de Loupy, Co-fondateur et CEO Syllabs : une approche disruptive associant IA et expertise humaine.
Comment allez-vous et comment va votre famille en ces temps de COVID-19 ?
Claude de Loupy : Tout le monde va bien, même si on s’inquiète évidemment pour nos proches et nos amis. Il est vrai que nous vivons des temps difficiles, que ce soit dans la vie personnelle ou professionnelle. Et, effectivement, quand on gère une entreprise, cela complique encore plus les choses. Mais heureusement, nous pouvons nous appuyer sur le soutien de nos proches et de nos collaborateurs pour affronter cette période incertaine.
Parlez-nous de vous, de votre carrière et de la manière dont vous avez créé ou rejoint Syllabs
Claude de Loupy : J’ai toujours été passionné par l’informatique, les médias et l’intelligence artificielle. C’est donc naturellement que je me suis dirigé vers le traitement automatique des langues, plus précisément l’intelligence artificielle appliquée à la sémantique et aux langues.
Après être passé par le CNRS, l’université, et avoir été salarié dans deux entreprises, j’ai décidé de co-créer Syllabs avec mon associée Helena Blancafort.
Nous avons lancé cette entreprise car nous n’avons trouvé aucun endroit qui partageait notre vision. D’un point de vue technologique, nous avons rassemblé deux mondes qui s’opposaient en développant une approche unique qui associe le machine learning et les méthodes à base de règles (paramétrées par l’humain).
Cela a engendré une approche managériale différente également puisqu’il n’y a pas de relation prioritaire entre des informaticiens qui décident tout et des linguistes qui exécutent ce qu’on leur demande comme on pouvait le voir dans beaucoup d’entreprises du domaine.
La cohabitation des mondes de l’informatique (majoritairement masculin) et de la linguistique (majoritairement féminin) a également donné un équilibre de diversité que nous revendiquons avec un CoDir totalement mixte.
Au sein de Syllabs, toutes les compétences essentielles au développement de la génération automatique de texte dialoguent. Et c’est en renversant les méthodes traditionnelles que nous avons réussi à réaliser des premières mondiales technologiques. Par exemple, en 2015, Syllabs a collaboré avec LeMonde.fr pour couvrir les élections régionales, et notre technologie a permis de générer les résultats de 35 000 communes en une soirée !
Comment Syllabs innove-t-elle?
Claude de Loupy : L’intelligence artificielle de Syllabs génère automatiquement des textes de qualité, en très gros volume, à partir de données (data) structurées.
Nous développons des solutions au service de nombreux secteurs comme les médias, l’immobilier, l’e-commerce ou encore la finance…
Initialement, Helena et moi-même sommes chercheurs et le responsable R&D de Syllabs est également docteur. Les projets de recherche de l’entreprise donnent lieu à des travaux reconnus dans le domaine puisque nous avons plus de 40 publications scientifiques nationales et internationales, et de nombreux doctorants sont passés par chez Syllabs.
Nous avons une approche de recherche totalement pragmatique.
C’est par exemple ce qui nous a conduit à mixer machine learning et méthodes à base de règles. L’important n’est pas la méthode mais d’avoir le résultat le plus efficace par rapport à un besoin concret.
Par ailleurs, même si nous n’arrivons pas au bout de la recherche, les différentes conclusions trouvées au cours du processus sont utiles et permettent d’enrichir les réponses que nous apportons à nos clients.
Oui nous sommes chercheurs et nous faisons de la R&D, mais toujours de façon pragmatique vis à vis d’une problématique de marché ou des besoins et enjeux de nos clients.
Comment la pandémie COVID-19 a-t-elle affecté Syllabs et comment gérez-vous cette crise?
Claude de Loupy : Cette pandémie est évidemment complexe à gérer pour tout le monde. À Syllabs, nous avons eu la chance de ne pas avoir vécu une interdiction pure et simple d’exercer et notre activité nous permet d’organiser les équipes en télétravail.
Nous pouvons donc nous estimer plus chanceux que beaucoup.
À Syllabs le télétravail a été facile et rapide à mettre en place. Pour autant, nous n’ignorons pas que ce nouveau fonctionnement n’est pas toujours bien vécu par les personnes selon leur situation, et le fait de ne plus pouvoir se voir, se rencontrer, est un vrai manque. Du point de vue business, nous avons là encore la chance d’avoir un modèle mixte avec des revenus récurrents, constitués par des abonnements à certains de nos services phares.
Il se trouve que l’on ne s’en sort pas trop mal car la partie abonnements de notre activité s’est maintenue, avec quasiment aucune suspension.
L’autre partie de nos revenus, qui est constituée de développements de solutions à la demande, s’est en revanche
brusquement interrompue, et cela a été assez éprouvant.
Mais l’équipe a été géniale dans la façon dont elle nous a permis de gérer cela et elle a su aussi repartir au moment où l’activité se redynamisait.
Nous avons vécu une reprise très forte en septembre avec des demandes clients plus importantes et ambitieuses qu’avant le confinement.
Avez-vous dû faire des choix difficiles et quelles sont les leçons apprises?
Claude de Loupy : La difficulté principale que nous avons dû gérer est que beaucoup de nos bases de décision sont devenues incertaines. Toute la problématique de cette crise, en tant qu’entrepreneur, a été l’incertitude. Combien de temps va durer le confinement ? Allons-nous recevoir les aides que nous demandons ? Quand l’activité commerciale va-t-elle reprendre ? etc.
Nous n’avions aucune réponse à ces questions et aucune prise sur la plupart d’entre elles. Aujourd’hui encore, malgré une reprise indéniable, nous sommes toujours dans le flou sur beaucoup de points.
Paradoxalement, parler des incertitudes permet de rassurer. Tout le monde peut se douter qu’il y a du danger. Tenter de le dissimuler ne peut que nuire à la confiance, faisant passer l’entrepreneur, au mieux, pour un dangereux inconscient, au pire, pour un dissimulateur.
Cependant, par-delà la reconnaissance d’une certaine forme d’impuissance, il est indispensable de montrer que l’incertitude n’implique pas l’inaction.
Au contraire. Durant toute cette période, comme la plupart des entrepreneurs, nous avons été attentifs à tous les éléments qui pouvaient nous aider dans nos décisions et nous avons élaboré plusieurs scénarios pour traverser la crise. Là encore, la communication est fondamentale. Il est inutile de noyer les équipes en partageant tous les scénarios, la plupart n’ayant que peu de chances de se réaliser. Mais il faut communiquer sur les scénarios les plus probables, expliquer les hypothèses et les conséquences.
En début de crise, j’ai appelé chaque membre de l’équipe pour savoir comment ils se sentaient. La question « Qu’est-ce qu’on peut faire pour vous aider ? » m’a été posée plus d’une fois. L’envie d’aider manifeste de nos équipes, de ne pas rester passif, était palpable. Cette empathie de l’équipe a été essentielle pour nous aider à traverser cette épreuve.
Comment gérez-vous le stress et l’anxiété pendant cette période et comment vous projetez-vous, vous et Syllabs dans le futur?
Claude de Loupy : On voit fleurir sur le web tout un tas de conseils, coaching, préconisations à suivre pour s’en sortir. Je dois dire que cela ne m’est d’aucun secours, voire est propice à générer du rejet chez moi. Alors ok, se maintenir en forme en faisant du sport, profiter du temps supplémentaire que l’on a avec ses enfants, se déconnecter avec de bons films ou des séries qui mettent le cerveau sur pause… Tout cela soutient parfois. Ce sont des moyens de décompresser que l’on a pu chacun mettre en oeuvre, au gré de l’énergie du moment.
Mais ne nous racontons pas que nous échapperons au stress. Et tenter de s’y soustraire est une perte de temps qui nous berce d’illusions.
Il est normal que le stress soit omniprésent dans cette période anxiogène. Il est inévitable, collectif, et parfois nous malmène sans que l’on puisse y faire grand-chose. Et puis ça passe, jusqu’à la prochaine fois ! La gestion du stress passe donc aussi par son acceptation et l’acceptation que, parfois, on n’arrive pas totalement à bien le gérer.
Commencer par accepter que tout est incertain nous permet d’éviter de se faire à soi et aux autres des promesses que l’on ne pourra peut-être pas tenir. Rester pragmatique, actif et agile. Envisager des scénarios et valider, pas à pas, les hypothèses est une approche qui me semble plus efficace.
Qui sont vos concurrents et comment comptez-vous tirer votre épingle du jeu ?
Claude de Loupy : Nous intervenons dans le domaine de la production de contenu, dans lequel il y a toutes sortes d’acteurs, depuis le rédacteur freelance jusqu’au média. À Syllabs, nous apportons une solution complémentaire à la production manuelle.
Notre valeur ajoutée est très spécifique : nous permettons de produire de très gros volumes de textes en un temps record, sur des sujets où l’apport de l’analyse ou de la créativité humaine n’est pas crucial. C’est pourquoi nous préférons nous définir comme une solution nouvelle et complémentaire, qui enrichit les moyens à disposition des entreprises, leur permet de passer l’échelle dans la production de contenu et de booster leur performance digitale.
Un mot de la fin ?
Claude de Loupy : On espère bien que l’interview de l’année prochaine ne fera pas figurer “Covid 19” dans ses questions !
Liens utiles :
Claude de Loupy :
Site web : https://www.syllabs.com/fr/
Une interview sur B-smart TV : https://youtu.be/hepD3-zI8dc

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