Actualité
Banques et transition écologique : quelles sont les dernières innovations ?

La transition écologique et énergétique est un enjeu considérable, dont de nombreuses banques tiennent compte grâce à diverses innovations.
Conscients des enjeux environnementaux, de nombreux établissements bancaires innovent et créent de nouveaux outils, ou développent de nouveaux modèles économiques pour devenir des acteurs de la transition écologique. Quelles sont ces innovations, et comment le client peut-il, lui aussi, être acteur de ce changement ?
Le rôle du secteur bancaire dans la transition énergétique
À l’heure où la prise de conscience de l’urgence climatique est de plus en plus forte, l’empreinte carbone d’une banque fait partie des critères de choix d’un grand nombre de clients.
L’ONG Oxfam a publié en 2019 un rapport basé sur une étude menée par Profundo, un cabinet indépendant : les opérations de financement de quatre grands groupes bancaires français, à savoir Banque Populaire – Caisse d’Epargne, Crédit Agricole, BNP Paribas et Société Générale, ont été passées en revue pour calculer leur empreinte carbone.
Nombreuses sont les banques à financer des projets dans le secteur de l’énergie. Lorsque ces projets sont axés sur les énergies fossiles, l’empreinte carbone de la banque et, par extension, du compte bancaire du client, qu’il s’agisse d’un compte pour les professionnels ou pour les particuliers, augmente considérablement.
Comme le rappelle le rapport d’Oxfam, « l’utilisation des énergies fossiles est responsable de 80 % des émissions de CO2 mondiales ». Or, ainsi que l’expliquent les auteurs de cette étude, « en 2018, les émissions de gaz à effet de serre issues des activités de financement et d’investissement des quatre principales banques françaises – BNP Paribas, Crédit Agricole, Société Générale et BPCE – dans le secteur des énergies fossiles ont atteint plus de 2 milliards de tonnes équivalent CO2, soit 4,5 fois les émissions de la France cette même année ».
Le secteur bancaire a donc un rôle considérable à jouer dans la transition énergétique et le soutien aux énergies renouvelables. L’argent des Français, d’après l’étude d’Oxfam, représente leur premier poste d’émissions de CO2 : les projets qu’il sert à financer est ainsi responsable, chaque année, de plus importantes émissions de gaz à effet de serre que leur propre consommation.
Comment connaître l’empreinte carbone de son compte bancaire ?
Pour aider les clients à calculer l’empreinte carbone de leurs comptes bancaires, l’ONG Oxfam a élaboré un outil gratuit, basé sur les données dont elle dispose, à savoir notamment la nature des projets financés par les établissements bancaires.
Cet outil permet de comparer l’empreinte carbone de différents établissements, en indiquant simplement la somme totale que le client possède sur ses comptes, qu’il s’agisse d’un compte courant ou d’un compte épargne. Il lui suffit ensuite de sélectionner sa banque dans un menu déroulant pour connaître le volume d’émissions de gaz à effet de serre par an, indirectement produits par l’utilisation de son argent.
Un autre outil, plus pointu, a été développé par l’entreprise solidaire d’utilité sociale LITA.co, en partenariat avec les organismes 2 Degrees Investing Initiative, NEC, Oxfam France, Novethic, Finansol, Carbone 4 et Sycomore Asset Management.
Cette application mobile, appelée Rift, permet au consommateur de connaître l’impact environnemental et sociétal de ses produits bancaires. Elle analyse l’utilisation faite par les banques de l’argent placé sur les comptes courants, les livrets A et les assurances-vie de leurs clients.
L’utilisateur de Rift est tout d’abord amené à renseigner, pour chaque produit bancaire, sa nature, le montant qui y est déposé, ainsi que l’établissement bancaire dans lequel il est domicilié. L’application calcule alors l’impact carbone de cet argent, en se basant sur le nombre de kilos de CO2 émis par an. Elle indique également l’éventuel financement de secteurs sensibles comme celui de l’armement.
Rift propose ensuite une liste d’un certain nombre de produits bancaires adaptés, sur le plan éthique et environnemental, au client en fonction de ses priorités, qu’il est amené à préciser dans l’application.
Les données utilisées par Rift pour effectuer ces estimations sont, en partie, transmises par les établissements bancaires. Lorsqu’une banque refuse de jouer le jeu de la transparence, les données sont achetées à des fournisseurs américains comme Facet. Plusieurs méthodes de calcul sont ensuite appliquées : le Climate Risk Impact Screening et la Carbon Impact Analytics de Carbone 4, la méthode développée par NEC, ou encore celle élaborée par le think tank 2 Degrees Investing Initiative.
Quelles sont les actions des banques en faveur de la transition énergétique ?
Certaines banques ont fait de la transition énergétique et écologique leur priorité, et développé des modèles économiques basés sur cet enjeu majeur des années à venir.
Les clients souhaitant opter pour une banque responsable peuvent ainsi se tourner, à titre d’exemple, vers la Nef, le Crédit Coopératif ou encore la néobanque Helios. Toutes trois ont la particularité de s’appuyer sur le financement participatif.
La Nef
Créée en 1988, la Nef est une coopérative financière qui soutient des projets d’utilité écologique, sociale et culturelle. Grâce aux prêts qu’elle accorde, elle finance notamment des projets dans le domaine du recyclage, des énergies renouvelables, du commerce équitable, de l’agriculture biologique et paysanne ou encore de l’entrepreneuriat social et environnemental.
Tous les prêts accordés par la Nef servent à financer des projets éthiques et environnementaux, dont elle publie la liste exhaustive chaque année dans un esprit de transparence. Depuis sa création, elle a soutenu plus de 7000 projets et prêté 515 millions d’euros.
En 2019, sur les 445 projets financés et les 74 millions d’euros prêtés, 78 % portaient sur le domaine de l’écologie, 16 % sur le domaine du social et 6 % sur le domaine culturel. La majorité des projets écologiques financés étaient en lien avec la filière biologique. Ils peuvent être portés par des particuliers, des professionnels ou des collectivités.
La Nef a par exemple accordé des prêts pour l’aménagement écologique d’un bateau destiné à devenir une résidence principale (installation de panneaux photovoltaïques), pour la création d’une entreprise artisanale produisant et commercialisant des semences potagères bio, pour le développement d’exploitations agricoles bio, ou encore pour le lancement d’épiceries ou de restaurants bio.
Ces projets d’utilité environnementale, sociale ou culturelle peuvent être directement financés par le biais de crédits, ou indirectement en utilisant l’épargne des clients. Ceux-ci sont informés des projets financés grâce à leur argent, et peuvent choisir les domaines qu’ils souhaitent soutenir. Ils ont également la possibilité de faire don des intérêts générés par leur épargne à une association partenaire de la Nef, comme Zero Waste France, Amnesty International, Terre Solidaire ou encore le réseau Sortir du nucléaire.
La Nef ne propose que des comptes d’épargne : les comptes courants de ses clients sont hébergés par le Crédit Coopératif, une autre banque engagée en matière de transition écologique.
Le Crédit Coopératif
Le Crédit Coopératif, qui est une banque coopérative française, a un fonctionnement proche de celui de la Nef. Il est l’héritier de la Banque coopérative des associations ouvrières et de la Caisse centrale de crédit coopératif, qui avaient pour but de financer les coopératives de consommateurs et de producteurs. Le Crédit Coopératif fait partie du groupe bancaire BPCE.
L’établissement a adopté la même politique de transparence que la Nef, et permet à ses clients de savoir comment est utilisé leur argent, et quels projets il permet de financer. En optant pour le compte courant Agir, le client du Crédit Coopératif peut choisir les secteurs qu’il contribuera indirectement à soutenir.
Ainsi, il peut choisir l’option « Agir pour la planète », « Agir pour une société plus juste », ou « Agir pour entreprendre autrement ». S’il n’a pas de préférence, il peut choisir les 3 options : dans ce cas, c’est le Crédit Coopératif qui, en fonction des besoins, orientera les investissements.
La carte bancaire associée à ce compte permet, à chaque retrait, de verser 60 centimes d’euros à une association choisie par le client parmi une liste d’associations partenaires du Crédit Coopératif.
L’établissement bancaire encourage également les entreprises à s’engager en faveur de la transition écologique et énergétique, en accordant notamment des prêts à des conditions préférentielles à celles qui souhaitent améliorer leur bilan environnemental et social, dans le cadre de la Responsabilité Sociétale d’Entreprise ou des Objectifs de Développement Durable.
Par ailleurs, le Crédit Coopératif propose des prêts « Eco-Habitat », dont le taux baisse en fonction de la dimension écologique du projet. Un certain nombre de critères sont pris en compte, comme la nature des matériaux de construction et d’isolation, ainsi que des peintures, mais aussi le mode de chauffage, la gestion de l’eau, la consommation énergétique ou encore la présence de composteurs. Concrètement, plus le projet de construction coche de cases parmi celles citées, plus le taux du prêt baisse.
Helios
Helios est une néobanque, 100 % en ligne, qui se définit comme la première écobanque digitale. Elle n’est pas rattachée à un groupe bancaire, mais bénéficie de la licence bancaire de Solarisbank, grâce à un partenariat mis en place avec cette fintech allemande.
Elle met en avant une totale transparence en ce qui concerne l’utilisation de l’argent de ses clients, et s’engage à ne financer que des projets en lien avec la transition écologique et énergétique.
Elle soutient notamment des projets dans les secteurs de l’efficacité énergétique, des énergies renouvelables, du traitement des déchets, des déplacements non ou peu polluants, de l’agriculture durable et de la préservation de la biodiversité.
Helios ne finance en revanche aucun projet lié aux énergies fossiles, qu’il s’agisse du charbon, du pétrole ou du gaz de schiste. La néobanque n’investit pas non plus dans l’élevage industriel, les pesticides chimiques, la monoculture agricole, l’armement ou le génie génétique.
Sur l’application, le client peut visualiser le tableau de bord d’impact environnemental d’Helios et prendre connaissance des projets soutenus par l’écobanque.
Cerise sur le gâteau : Helios propose à ses clients une carte bancaire en bois naturel, contenant 80 % de plastique en moins qu’une carte bancaire classique.
La néobanque a pu financer un premier projet écologique : il s’agit d’une centrale photovoltaïque implantée en Nouvelle-Calédonie par l’entreprise française Akuo Energy. Ce projet aidera la Nouvelle-Calédonie à atteindre les objectifs que le pays s’est fixés, à savoir multiplier par deux, d’ici 2030, la part d’énergies renouvelables dans sa production d’électricité.
À terme, cette centrale photovoltaïque, dont la construction a démarré en janvier 2021, permettra d’alimenter 1700 foyers et de réduire l’émission de gaz à effet de serre, à hauteur de 3200 tonnes de CO2 par an. La centrale permettra également de stocker de l’électricité.
Enfin, contrairement à de nombreuses centrales photovoltaïques, elle ne vient pas empiéter sur des terres cultivables : les panneaux ne sont pas posés au sol, mais placés au sommet de serres, à l’intérieur desquelles des cultures maraîchères pourront donc voir le jour.
Choisir un produit bancaire en faveur de la transition écologique : l’importance des labels
Il existe depuis plusieurs années des labels qui permettent d’identifier des produits bancaires et financiers responsables sur le plan social et écologique.
Parmi ces différents labels, deux ont été soutenus par les pouvoirs publics : le label Greenfin (anciennement TEEC), et le label Investissement Socialement Responsable (ISR).
Le label ISR
Le label ISR, qui a vu le jour en 2016, permet d’identifier des produits d’épargne qui servent à financer des entreprises prenant en compte les enjeux environnementaux, sociaux et de gouvernance, appelés les critères ESG.
Ces critères permettent de mesurer la dimension durable et responsable d’un investissement. Sur le plan environnemental, différents éléments sont pris en compte, comme la quantité d’émissions de CO2 de l’entreprise, sa consommation énergétique, son impact sur la biodiversité ou encore sa gestion des déchets.
Les critères sociaux et de gouvernance incluent aussi bien les questions de transparence de rémunération des dirigeants, que le respect des normes internationales du travail, comme la sécurité ou la représentation.
En choisissant un produit d’épargne labellisé ISR, le client a donc la garantie que son argent financera des entreprises responsables, tant sur le plan social qu’environnemental.
Le label Greenfin
Le label Greenfin, anciennement appelé label « Transition énergétique et écologique pour le climat » ou TEEC, a été créé par le ministère de la Transition écologique. Il est délivré par les organismes EY France, Novethic et Afnor.
Ce label garantit la transparence et l’engagement environnemental d’un produit financier, et permet aussi bien aux professionnels de la finance, aux banques, aux sociétés de gestion, aux assurances, qu’aux particuliers, de s’assurer que leur argent est utilisé pour soutenir des projets liés à la transition écologique et énergétique.
Les fonds investissant dans des entreprises en lien avec les énergies fossiles ou le nucléaire ne peuvent pas obtenir le label Greenfin, ce qui garantit au client d’un produit bancaire que ses placements ne viendront pas aggraver la situation environnementale.
Le label Finansol
Ce label a été créé en 1997, et permet d’identifier les produits d’épargne solidaire. Lorsque le client choisit un produit d’épargne labellisé Finansol, il a la garantie que son argent sera utilisé pour financer des projets d’utilité sociale ou environnementale, mais aussi que l’établissement qui commercialise ce produit fera preuve de transparence concernant ces investissements.
Les entreprises solidaires financées par un produit d’épargne labellisé Finansol peuvent œuvrer dans le secteur écologique, dans l’entrepreneuriat au sein des pays en développement, ou encore dans le domaine de l’accès à l’emploi et au logement.
Par ailleurs, le label Finansol garantit que les intérêts générés par l’épargne sont, au moins une fois par an, et dans une proportion minimale de 25 %, versés à des associations.
Les green bonds, de nouveaux outils de financement
Le premier green bond, appelé « Climate Awareness Bond », a été émis en 2007 par la Banque européenne d’investissement, qui fut par la suite imitée par la Banque mondiale, puis par des collectivités territoriales, de grands groupes appartenant au secteur de l’énergie ainsi que par des États, comme la France ou la Pologne notamment.
Les green bonds, qui signifient en français « obligations vertes », sont des émissions obligataires non bancaires, lancées par des entreprises ou des entités publiques, dans le but de financer des projets qui contribuent à la transition énergétique et écologique.
L’émetteur est tenu de respecter des engagements précis, d’utiliser les fonds à des fins environnementales prédéfinies, et de faire preuve de transparence en publiant un rapport annuel à destination des investisseurs.
Depuis 2013, ce marché est en pleine croissance et la France en est le premier émetteur mondial. En 2020, malgré la crise sanitaire, le marché des green bonds est resté extrêmement dynamique, et a franchi au mois de décembre le seuil des 1000 milliards de dollars émis depuis la création de ces obligations vertes. En 2021, le marché des green bonds continue sa croissance et se montre toujours aussi populaire.

-
Actualité3 ans ago
Dernières statistiques et tendances en matière d’hébergement Web
-
News4 ans ago
L’agence web innovante 3Vision-Group face à la crise sanitaire
-
Actualité3 ans ago
Comment faire une demande de casier judiciaire ?
-
Ressources2 ans ago
Closers Group : la maîtrise de la vente comme clé de la réussite